Mindless Sinner – Poltergeist

Avis :

Fondé en 1981 sous le nom de Purple Haze, c’est un an plus tard que les suédois changent de nom pour adopter Genocide. Un an plus tard, encore, la formation décide de s’appeler Mindless Sinner et sort un premier album, Turn on the Power. Cependant, le côté Heavy ne semblait pas convenir aux membres, qui décident alors de changer de nom une nouvelle fois, délaissant le « Sinner » pour adopter un style plus Rock, voire AOR. Il en résultera alors un album, Missin’ Pieces, ainsi qu’un single, Heaven Will Know. Au début des années 90, le groupe décide de se séparer avant de se réunir onze ans plus tard, pour trois petites années qui seront infructueuses. Puis c’est en 2014 que les suédois décident de ses reformer pour de bon, en réempruntant le chemin du Heavy, sortant alors deux albums, dont Poltergeist est le dernier en date.

Quarante ans d’existence, quatre albums, on ne peut pas dire que Mindless Sinner soit le groupe le plus prolifique de la planète, bien au contraire. Cependant, il est compliqué de s’imposer sur la scène internationale quand on baigne dans un Heavy très classique, et qui respire fort les années 80. De nombreux groupes légendaires arborent ce genre, et il faut vraiment trouver son identité pour se démarquer, ce qui n’est pas vraiment le cas des suédois. Dès le premier morceau, qui porte le même nom que l’album, on détecte une belle technique, une volonté de rentrer dans son auditoire, mais il manque la petite étincelle qui fait toute la différence. Par exemple, les refrains de Judas Priest sont hyper catchy, ce qui n’est pas le cas ici. Poltergeist est loin d’être un mauvais titre, mais il reste anodin, ce qui est dommage.

Car clairement, on sent que le groupe en a sous la pédale et il le prouve avec le deuxième morceau, Heavy Metal Mayhem. Là, on a un titre qui fonctionne à plein régime, qui délivre une ode à un genre qui peut sembler un poil désuet, mais qui trouve une belle résurgence avec de vieux briscards qui n’ont jamais rien lâché. Avec Valkyrie, Mindless Sinner cherche à faire quelque chose de plus construit, de plus long, et si parfois ça marche bien, d’autres fois, on reste sur quelque chose d’une peu factice et facile, à l’image de l’introduction qui dure trop longtemps et n’affiche pas clairement les intentions du groupe. Le morceau est agréable, la ligne de basse est très présente, mais globalement, on reste sur quelque chose de vu et déjà revu. World of Madness est pus rugueux, plus percutant, mais on reste dans quelque chose d’assez simpliste.

En fait, on sent qu’il manque un truc. La voix du chanteur est correcte, mais elle n’est pas stratosphérique. Les grattes font bien leur taf, mais elles n’ont pas de particularité. Bref, on est dans un tout-venant plaisant, mais qui n’arrivera jamais à se démarquer de la masse. Jusqu’à l’artwork de l’album qui est relativement moche. The Road to Nowhere essaye de faire les choses correctement, avec un début qui pourrait presque faire penser à du Thrash, mais les démons de Mindless Sinner ressurgissent vite et on se retrouve face à un titre agréable, mais pas dingue. Rewind the Future peut se targuer d’avoir un refrain assez sympathique, ainsi qu’un bon solo de guitare, mais globalement, ça reste un titre que l’on a l’impression d’avoir entendu plusieurs fois. Il ne reste pas vraiment en tête et manque d’originalité. D’ailleurs, ce sera un peu la marque de fabrique des derniers morceaux.

The Rise and the Fall renoue avec un Heavy un peu plus nerveux, aux accents un peu « vikings » dans le thème, mais ça reste un peu trop timoré. Le groupe n’ose pas sortir de sa zone de confort et c’est dommage. Hammer of Thor est aussi un titre sympathique, qui met l’accent sur une ambiance guerrière, mais ça reste vraiment très timide, et cela malgré une belle vitesse d’exécution. Altar of the King se veut plus lourd et plus puissant, mais les riffs retombent un peu trop sur la facilité, et c’est dommage. Quant à Roll the Dice, on a enfin un Heavy véloce et entrainant, qui donne une belle patate. Certes, on est loin d’un uppercut dans la tronche, mais il y a un regain d’énergie qui fait du bien et permet de conclure l’album de la plus belle des façons.

Au final, Poltergeist, le dernier album en date de Mindless Sinner, n’est pas un effort désagréable, au contraire, on prend du plaisir à l’écouter, mais il lui manque vraiment un truc en plus pour le sortir du tout-venant Heavy. On est sur un groupe qui a du mal à sortir de sa zone de confort, et ne se démarque pas assez de la concurrence, trustée par de grands noms qui ont trouvé leur voie, leur identité, et il est difficile aujourd’hui de les dépasser, ou même de leur faire ne serait-ce qu’une bribe d’ombre…

• Poltergeist
• Heavy Metal Mayhem
• Valkyrie
• World of Madness
• The Road to Nowhere
• Rewind the Future
• The Rise and the Fall
• Hammer of Thor
• Altar of the King
• Roll the Dice

Note : 13/20

Par AqME