juin 29, 2024

Final Fantasy VII Rebirth

Résumé:

Alors que Cloud et ses amis s’enfuient de Midgar, ils poursuivent leur quête de vérité, tandis que l’ombre de Sephiroth plane toujours sur eux.

Avis :

Peu de jeux peuvent se targuer d’avoir une aura aussi culte que Final Fantasy VII. Au fil des décennies, le titre de Squaresoft s’est imposé comme un mètre étalon du J-RPG. Une œuvre remarquable en tout point qui a contribué au succès de la première PlayStation et a démocratisé un genre qui, à l’époque, se cantonnait essentiellement à l’archipel nippon. 23 ans après sa sortie, le jeu profite de l’engouement autour des remakes vidéoludiques pour faire son retour sous une nouvelle mouture. Au-delà de la refonte graphique, on assiste à une véritable redécouverte de son univers, de son histoire. Un voyage emplit de promesses et de souvenirs qui se poursuit avec le second épisode, dont le sous-titre suggère bon nombre de théories sur son déroulement scénaristique.

Final Fantasy VII : un projet de remakes aux ambitions démesurées

Final Fantasy VII Rebirth constitue la suite directe de son prédécesseur. Afin de mieux appréhender son intrigue, ses tenants et ses enjeux, il est indispensable d’avoir parcouru ce dernier, pour ne pas se sentir lésé dès les premières séquences. Pour rappel, ce projet d’envergure est prévu sous la forme d’une trilogie. La première partie se consacrait à la ville de Midgar. Il en ressortait une aventure de longue haleine qui renouait avec la base narrative originelle. À cela s’ajoutait le prolongement de certains pans scénaristiques et un choix délibéré d’orienter l’histoire dans d’autres directions.

Ce dernier point demeure primordial dans le traitement global. D’une part, cela permet à des joueurs novices de découvrir l’univers de Final Fantasy VII, sans a priori ni connaissance particulière. D’autre part, les développeurs ont pour ambition de surprendre les inconditionnels du titre de 1997, voire de prendre à contre-pieds leurs attentes, leurs espoirs. Au terme de Final Fantasy VII Remake, des perspectives inédites s’ouvraient. La promesse d’un nouveau voyage pouvait commencer. L’entreprise est audacieuse, mais à double tranchant puisqu’elle risque de trahir l’esprit du matériau de base.

La folie des grandeurs vidéoludiques ?

À bien des égards, Final Fantasy VII Rebirth est le jeu de toutes les contradictions. Il constitue à la fois une formidable réminiscence et une expérience vidéoludique à part entière. Il se veut loufoque et dramatique. Il peut être aussi intense que long. Il respecte autant l’histoire de 1997 qu’il s’en écarte. Le titre déstabilise, décontenance par son approche, son ambiance baroque. Ce constat se devine dès le premier chapitre et va en s’accentuant au fil des suivants. On sent un entrain évident de la part des développeurs, de se lâcher pour créer le jeu qu’ils désiraient.

Pour peu que l’on adhère au propos, l’alchimie fonctionne. L’histoire nous embarque sur des montagnes russes narratives où l’on atteint des sommets avant de retenir son souffle, en vue de la prochaine descente vertigineuse. Quant au caractère saugrenu de nombreuses séquences, mention spéciale à Costa del Sol ou au Gold Saucer, on y distingue une forme de bonhomie à même de dédramatiser le contexte apocalyptique qui émane de ce monde. On songe à la quête de Séphiroth ou à l’épuisement des ressources de la planète, déjà amorcés dans le précédent opus.

Changer une chose change-t-elle vraiment tout ?

Le récit de Final Fantasy VII Rebirth s’inscrit donc dans la continuité de ce qui a été évoqué auparavant. On y retrouve ainsi cette dimension écologique, bien que le discours soit moins prépondérant. De même, il convient de s’attarder sur les notions de destinée et de déterminisme qui possèdent une importance toute particulière. À travers les intermèdes de Zack, l’existence de mondes parallèles demeure tangible. D’un autre côté, elle soulève bon nombre de questionnements sur la chronologie et le déroulement des évènements. Cette spécificité constitue à la fois une force et une faiblesse.

La première occurrence suggère des enjeux et des interactions des plus subtiles, sans compter sur le caractère imprévisible qui en découle. Quant à la seconde, ce choix complexifie plus que nécessaire l’histoire, quitte à se perdre dans des invraisemblances ou des incohérences. Cela sans oublier des explications absconses qui induisent de la perplexité. Ce qui finit par aboutir à un état de fait guère éloigné de la réalité que l’on connaissait. L’idée initiale a beau être intéressante, son développement laisse dubitatif, et ce, à bien des égards lorsqu’on constate le résultat dans son ensemble.

L’art de s’émerveiller au gré des excursions et… de s’agacer en l’espace d’un mini-jeu

Au demeurant, la direction artistique reste somptueuse dans la découverte des environnements, comme des villes. Là encore, les ambiances sont aux antipodes et sont l’occasion de se remémorer des passages cultes du jeu original. Parmi ceux-ci figurent le flashback de Nibelheim, l’incursion à Cosmo Canyon ou celle dans le temple des Anciens. De même, on assiste à une parfaite cohabitation entre les séquences linéaires et les phases en monde ouvert. Les différentes zones de la carte sont toutes aussi vastes que fournies en objectifs de missions et d’exploration.

Malheureusement, on remarque des problèmes de rythme évident quant à la progression. Plusieurs quêtes annexes sont d’un intérêt dispensable. De plus, le titre est truffé de mini-jeux. Certains d’entre eux constituent un passage obligé pour poursuivre l’aventure, notamment lorsqu’ils sont censés mettre sur le devant de la scène un protagoniste de notre équipe. À l’image de la représentation théâtrale ou des caisses à déplacer avec Cait Sith, on oscille entre le sympathique et le pénible, entre l’amusement et l’agacement à constater ce remplissage superflu.

Des combats ardus et exigeants pour en maîtriser toutes les mécaniques

Du côté du gameplay, les développeurs peaufinent la formule de Final Fantasy VII Remake. On y retrouve la dynamique des combats avec un système intelligent et bien équilibré entre des actions directes et le principe du tour par tour. On notera que le caractère stratégique est plus que jamais de rigueur. Certains affrontements exigent une approche très spécifique, en particulier les boss. Il est nécessaire de tirer parti des compétences de chaque protagoniste et des faiblesses de leurs ennemis. La préparation, l’amélioration des équipements et la combinaison des matérias sont indispensables.

En règle générale, la difficulté demeure bien dosée. Il arrive néanmoins de faire face à des adversaires plus retors. Parmi ceux-ci figurent le dragon rouge dans le temple des Anciens ou la rencontre ultime avec Séphiroth, au terme de multiples évolutions. À lui seul, le combat final dure entre 1 h 30 et 2 h. Sans le niveau requis, un inventaire bien fourni et un minimum de persévérance, l’échec est au rendez-vous. Au regard des efforts consentis, le dénouement s’avère décevant, sinon maladroit.

Une fin qui sabote le moment le plus important du jeu

Sans en dévoiler la teneur ou se perdre en conjectures sur sa signification, il convient également de s’attarder sur la fin qui présente un bémol de taille dans l’appréciation générale du jeu. Dans le titre original, ce passage constitue le moment le plus émouvant du récit. Sur ce point, Final Fantasy VII marque un précédent et offre l’une des scènes les plus mémorables de l’histoire vidéoludique. Cela étant dit, elle suscitait autant d’espoirs que de craintes dans son traitement. Au regard d’autres séquences notables, on pouvait toutefois l’appréhender de manière confiante…

En considérant ce qui est avancé dans Final Fantasy VII Remake, on pouvait escompter une finalité différente ou similaire, présentant la surprise tant attendue ou, à défaut, renouant avec la portée émotionnelle de son homologue. Or, l’histoire ne prend aucune décision et reste avec un statu quo dont la teneur interpelle dans le mauvais sens du terme. C’est essentiellement sur ce point que le caractère alambiqué du multivers trouve ses limites. À force de mélanger les lignes temporelles et les divergences scénaristiques, il en ressort une conclusion obscure, presque inintelligible. Il suffit de constater le comportement de certains protagonistes pour s’en convaincre.

Une aventure généreuse, truffée de secrets et de détails en tous genres

Avec sa quête principale, ses missions annexes et ses innombrables objectifs d’exploration, la durée de vie de Final Fantasy VII Rebirth est pour le moins conséquente. Pour aller à l’essentiel et appréhender la dernière confrontation dans de bonnes conditions, il faut compter une cinquantaine d’heures de jeu. Le double est nécessaire pour compléter les quêtes secondaires, dont les affrontements avec les espers (les invocations). Pour tout découvrir, plus de 150 heures sont à prévoir, voire davantage.

À cela s’ajoute un mode difficile qui, entre autres, réjouissances n’autorise pas l’utilisation d’objets lors des combats, sans oublier la restauration unique des points de vie (et non de magie) dans les lieux de repos. Le contenu est donc particulièrement dense, même si, à l’image des mini-jeux, sa pertinence reste fluctuante. On peut néanmoins avancer un potentiel de rejouabilité honnête pour faire la lumière sur tous les secrets de cet univers sans commune mesure.

En conclusion…

En conclusion, Final Fantasy VII Rebirth demeure un bon J-RPG, sans pour autant atteindre le statut de chef d’œuvre auquel il aurait pu prétendre. Au fil de sa progression, le titre de Square Enix multiplie les contrariétés et les contradictions. D’un point de vue de la réalisation et de la narration, il peut tout aussi bien se montrer intense que poussif. La faute à des mini-jeux omniprésents qui suppléent à de véritables objectifs de quêtes ; qu’ils soient principaux ou secondaires. Le rythme en pâtit grandement et donne lieu à de nombreux temps morts au sein de l’intrigue.

Puis, l’histoire et la bande originale renouent avec l’esprit de Final Fantasy VII. On revit des évènements clefs avec autant d’effarement, de joie et de peine. Comme pour le précédent volet, les développeurs entretiennent la fibre nostalgique, sans pour autant laisser de côté les joueurs novices. Il est d’autant plus regrettable d’aboutir à une conclusion aussi décevante. Au-delà du caractère tarabiscoté qui émane du principe de la destinée et des univers multiples, le final est dépourvu de la dimension émotionnelle de son référent. Il s’agissait pourtant de la seule essentielle pour marquer le terme de cette seconde partie avec brio.

Note : 14/20

Par Dante

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