juillet 3, 2024

Creed III – Raccrocher les Gants

De : Michael B. Jordan

Avec Michael B. Jordan, Jonathan Majors, Tessa Thompson, Wood Harris

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Idole de la boxe et entouré de sa famille, Adonis Creed n’a plus rien à prouver. Jusqu’au jour où son ami d’enfance, Damian, prodige de la boxe lui aussi, refait surface. A peine sorti de prison, Damian est prêt à tout pour monter sur le ring et reprendre ses droits. Adonis joue alors sa survie, face à un adversaire déterminé à l’anéantir.

Avis :

Il est toujours très compliqué pour le septième art de laisser tomber une poule aux œufs d’or. Les producteurs ont toujours tendance à faire l’épisode de trop, voire à faire des spin-off dans l’espoir d’engranger toujours plus d’argent, et cela sans faire attention à la qualité du produit. Les sagas ne sont jamais épargnées, et bien souvent, on retrouve des films qui n’ont pas lieu d’être. Creed III est assez symptomatique de cette « loi », puisque le film est fait grâce aux grosses recettes des deux films précédents, surfant aussi sur la vibe Rocky et Stallone qui a toujours marché au cinéma. Ici, exit Ryan Coogler et Steven Caplan Jr. à la réalisation, puisque c’est l’acteur principal, Michael B. Jordan, qui fait ses premiers pas en tant que réalisateur, et malheureusement, cela se voit comme le nez au milieu de la figure.

Mais revenons tout d’abord au scénario, qui n’est qu’une note d’intention pour mettre en scène un personnage qui évolue, et un énième combat contre un fantôme du passé. Adonis a pris sa retraite, et il gère une nouvelle salle de sport, où le nouveau champion poids lourd s’entraine. Mais un jour, son ancien meilleur ami refait surface après un long moment en prison, brisant alors sa carrière de boxeur pro. Adonis accepte sa demande pour le réintégrer dans le circuit, mais ce meilleur ami a de la rancœur et il va tout faire pour faire tomber Adonis et lui prendre sa place. Bref, Creed III est une histoire de vengeance qui prend ses racines au sein d’un passé pas toujours glorieux. Le script étudie les affres du passé qui refont surface et les remords qui peuvent engendrer de nouveaux monstres, qui deviennent plus fort dans le temps.

« D’un point de vue écriture, on a l’impression de suivre une telenovela mexicaine. »

On pourra donc y voir quelques éléments intéressants sur son passif, sur des histoires qu’il faut combattre tant qu’elles sont chaudes afin d‘avoir la conscience tranquille par la suite. Le problème avec cette histoire, c’est qu’elle est d’une banalité affligeante. On retrouve tous les ingrédients de jeunes hommes pauvres qui veulent s’en sortir, d’une bêtise qui coûte cher, et d’un mutisme qui va devoir exploser pour guérir son présent et son futur. Rien d’exceptionnel, d’autant que le film va bien trop vite sur des éléments essentiels. La montée en tension n’est pas un slowburn, le scénario sautant des étapes narratives importantes pour nous faire prendre conscience de la rancœur ressentie par l’antagoniste. Il manque vraiment une vraie montée en tension pour que l’on ressente les inimités entre les deux personnages principaux. Tout va trop vite, comme si le film devait rentrer dans un créneau de moins de deux heures.

Et puis il y a le côté familial qui pêche grandement. On retrouve un Adonis aimant, qui fait tout pour sa fille et sa femme, mais qui rentre aussi dans tous les clichés du genre. Son mutisme face à son passé va créer le trouble dans la famille, les disputes seront superficielles et il faudra un évènement plus ou moins tragique pour qu’il se livre enfin. Très clairement, d’un point de vue écriture, on a l’impression de suivre une telenovela mexicaine. Alors oui, cela permet de donner de l’envergure aux personnages, un peu plus d’humanité ou de poids, mais il n’y a pas l’once d’une prise de risque ou d’originalité. Jusqu’à la mise en scène qui est d’une banalité affligeante. On sent que c’est un premier film, que ça tâtonne, mais que c’est biberonné à la scène hollywoodienne sans identité. Le montage est lui aussi très moyen.  

« Michael B. Jordan s’enferme dans un carcan narratif ennuyeux et attendu. »

Un des indicateurs pour montrer la faiblesse de la réalisation reste ces fonds verts dégueulasses que l’on voit à la toute fin du film, où aucun effort n’est fait pour rendre l’ensemble plus prégnant. On reste dans un blockbuster moderne qui ne cherche pas à faire du beau ou du stylisé, mais à rentrer dans des carcans prédéfinis pour plaire à la masse. Jusqu’au happy end, jusqu’à la rédemption, ou encore à la passation de pouvoir, avec un final grotesque qui dure trois plombes sur la jeune fille sourde qui boxe dans le vide, sur le grand ring. Bref, tout cela n’est pas folichon, et la seule chose à laquelle on peut se raccrocher, c’est finalement la paire de combat que l’on va avoir, même si là encore, on peut redire des choses. Car s’ils sont dynamiques, ils ne réinventent rien et souffrent des défauts de mise en scène.

Déjà, ils sont peu nombreux. On a droit à trois combats qui ne durent pas vraiment, et qui jouent sur la même astuce, celle de voir les défauts de l’adversaire et les vaincre en un seul coup. Si le début est plutôt plaisant et s’avère malin, montrant que la boxe n’est pas que de la violence, mais aussi de l’observation et de la tactique, cela va vite devenir redondant. De plus, l’histoire est tellement balisée que l’on sait exactement comment les combats vont finir. Comment ne pas deviner la victoire du « méchant » contre le champion actuel ? Comment ne pas deviner la victoire du héros à la toute fin ? Rien ne viendra nous sortir d’une certaine torpeur et d’une attente qui ne subira aucune sortie de route. Alors oui, les combats sont dynamiques, mais ils n’apportent rien de neuf à l’ensemble.

Au final, Creed III est un opus relativement décevant de la franchise. Doté d’une mise en scène très pauvre et d’un scénario téléphoné qui n’a pas grand-chose à raconter (si ce n’est fouiller un peu dans la jeunesse d’Adonis Creed), Michael B. Jordan a beau se démener et tenter des choses, il s’enferme dans un carcan narratif ennuyeux et attendu. Néanmoins, le film a tout de même pour lui une relation père/fille plutôt mignonne et une paire de combat dynamique qui lui permettent de ne pas sombrer dans le soap sirupeux totalement insignifiant.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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