
Avis :
On ne compte plus aujourd’hui le nombre de chanteurs de groupe qui veulent ensuite faire une carrière solo, soit en parallèle de leur formation, soit en laissant tout tomber. Parfois, ça pue l’esbroufe, et c’est juste l’occasion de faire la même musique qu’avec son groupe, mais certainement avec les coudées franches, et parfois, on a droit à une réelle surprise, avec des albums intimistes et différents de ce que l’on attend. Todd Michael Hall est un chanteur de rock et de métal américain qui est surtout connu pour être le cinquième vocaliste du groupe Riot V, une vieille formation de Heavy des années 80 qui continue d’exister aujourd’hui. Il intègre la formation en 2013, et c’est en 2017, en parallèle, qu’il se lance dans des albums solos, ou tout du moins accompagné par d’autres musiciens. Sonic Healing est son deuxième album studio.
Alors à quoi s’attendre de la part de Todd Michael Hall, qui possède une belle voix, bien qu’un peu nasillarde ? Bien souvent, avec ce genre de projet, on tombe sur des trucs assez insipides, avec des ballades sirupeuses qui n’arrivent pas à marquer. On sent un manque d’énergie, une volonté de faire quelque chose de feutré et de pas forcément pertinent. Et c’est là que le chanteur va nous surprendre, car son album, sans être un monument, s’avère plutôt sympathique, avec de bons morceaux à l’intérieur. D’ailleurs, le premier titre donne le ton. Overdrive est dynamique, flirte souvent avec le Hard old school, et délivre surtout un refrain qui reste ultra entêtant. On n’évite pas le sujet sur l’amour et la nana qui transforme son moteur en overdrive, mais toutes sirupeuses soient les paroles, on reste sur un titre catchy et bien ficelé.
En abordant Let Loose Tonight, le même sentiment prédomine. Nous faisons face à un bon morceau de Hard, relativement solide, qui en plus met en avant l’amour de la musique, et notamment de ce bon vieux Rock qui nous anime. En seulement deux titres, Todd Michael Hall nous accroche et s’éloigne des carcans de l’album de vieux grigou en proie à son passé de lover. All on the Line sera un morceau un peu moins percutant, notamment à cause de son refrain qui se veut fédérateur mais perd en énergie. Ici, on retrouve un mood des années 80 qui n’est pas forcément pertinent. Et les choses ne s’arrangent pas avec Running After You, certainement le titre le plus fragile de l’album. Ici, on n’échappe pas au cahier des charges avec un titre sirupeux et mou du gland. Un récit d’amour gnangnan au possible et sans intérêt.

C’est un peu ce que l’on craignait avec un tel album, mais ce sera le seul vrai faux pas de l’artiste. Love Rain Down, malgré son titre qui ne laisse aucun doute sur son thème, est plus nerveux, notamment sur le riffing et la mélodie, qui pioche vers le Blues et le Rock pour trouver de belles racines. Bref, le morceau est plutôt plaisant et relance la machine qui s’était bien grippée. Sonic Healing débute avec une belle ligne de basse, mais les guitares ne seront pas au rendez-vous, ralentissant le rythme, jusqu’à ce qu’arrive le refrain qui, pour le coup, est vraiment très bon, et force un peu le chanteur à pousser d’un point de vue vocal. Puis Like no Other s’avèrera lui aussi un morceau fort plaisant, embrassant à bras ouverts un Hard mélodieux. Et même si ça semble un peu désuet, on prend beaucoup de plaisir.
Somebody’s Fool ménage la chèvre et le chou, avec des couplets plutôt simples et doux, et des refrains qui sont plus nerveux, et plus puissants. D’un point de vue technique, c’est très bon aussi, avec quelques petites pointes de gratte qui ne sont pas dégueulasses. To the Bone reviendra à ce style un peu suranné des années 80, et même si certains riffs sont assez lourds, le titre ne marque pas comme d’autres, ce qui est dommage. Puis Long Lost Rock & Rollers emprunte des chemins de Classic Rock plutôt rigolos, pour en faire un hommage à ceux qui écoutent du rock à longueur de journée. Pour clôturer cet album, on a droit à deux pistes bonus, avec The Other Side, un titre sympathique mais peu impactant, et Not With a Sword, plus pêchu et plus gras, donnant, de ce fait, une forte envie de relancer la machine.
Au final, Sonic Healing, le deuxième album solo de Todd Michael Hall, est plutôt une bonne surprise, même si on n’en attendait rien. Globalement, le skeud est réussi et pioche aussi bien dans le Hard que dans le Rock, et même s’il n’évite pas certains pièges, notamment avec une paire de ballades dispensables, on reste sur une bonne impression, et surtout sur un effort sincère et plein de bonnes intentions.
- Overdrive
- Let Loose Tonight
- All on the Line
- Running After You
- Love Rain Down
- Sonic Healing
- Like no Other
- Somebody’s Fool
- To the Bone
- Long Lost Rock & Rollers
- The Other Side
- Not With a Sword
Note : 14/20
Par AqME